Un professeur ouvert...!?

Il soupira lorsqu'elle lui parla d'un cauchemard. Il sentait bien que la jeune fille allait mal qu'elle n'était prête à l'admettre. Elle était presque livide.
Holy-Bell apparut, elle était visiblement inquiète, elle ne dit pourtant rien.
Le professeur laissa sa tête se baisser, presque tomber contre son torse, puis soupira fortement.
De nouveau, il voyait arriver les problèmes, à grands pas, rapidement.
Il sourit d'un air résigné.

Les paroles de la jeune fille pour conforter son ange, qui ne pouvait visiblement rien faire d'autre que de regarder, et pour lui, étaient bien le rassurer, et l'amenaient au contraire à penser que la situation était particulièrement mauvaise.

Il sentit que le moment était venu d'utiliser la dernière corde de son arc.

Son sourire semblait lui demander de ne rien entreprendre. Alors le professeur demanda :

"Qu'est-ce que c'est?"

L'énergie que lui demanderait la dernière corde était énorme et le laisserait particulièrement faible étant donné son âge. Alors il voulait être sûr avant toute autre chose que cette opération était absolument nécessaire. D'autant plus qu'il ne la pratiquait vraiment pas souvent.

Belldandy vit que le professeur s'inquiétait pour elle et s'en voulut. Il lui demanda ce qu'elle avait.

"Eh bien...quand je suis très faible, je dois dormir pour récupérer des forces. J'essaie d'éviter cela au maximum mais parfois, je me fais surprendre et je m'endors brusquement. Et si je repousse mes limites trop loin, je perds connaissance et je m'endors. Je reste faible pendant quelques jours et j'ai du mal à utiliser mes pouvoirs. C'est pour cette raison que je dors quand j'en ai besoin d'habitude, parce que je suis vulnérable pendant ma période de récupération après mon évanouissement. J'ai toujours été ainsi. Les déesses ont chacune un moyen de récupérer qui leur est propre, et le mien n'est pas très commode, je dois l'avouer..."

Elle baissa les yeux, un peu gênée, les joues toujours rouges.

Ce qu'elle répondit en premier parut tellement évident au professeur qu'il fut à la limite d'éclater d'un rire bruyant.
Mais heureusement pour lui et pour elle, il savait se retenir.
Il fut cependant bien content d'entendre cette réponse.
Il n'avait plus à penser à utiliser sa technique dangereuse pour lui.
Rassuré de cette réponse, indiquant surtout qu'elle allait bien, il sourit gentiment, s'assit sur la chaise, et lui dit d'un ton qui se voulait acceuillant et chaleureux :

"Ne t'inquiète pas! Tu peux te reposer ici autant que tu veux. Fais comme chez toi, et surtout fais-le moi savoir si tu as besoin de quoi que ce soit!"

Il posa ensuite sa main sur son front. Il était bien brulant. Il retira d'elle toute la chaleur qui la hantait. Elle devait ainsi au moins se sentir un petit peu mieux.

Belldandy était contente de voir qu'il était gentil avec elle. Son ton était chaleureux, et mit un peu de baume au coeur de la jeune fille. Elle tressaillit lorsqu'il posa sa main sur son front brûlant. Lorsqu'il la retira, ses joues étaient toujours rouges, mais ce n'était plus la chaleur qui en était la cause...

Elle répondit à Monsieur Babylon d'une voix douce et faible :

"Arigatô...sensei."

Et tandis qu'Holy Bell s'évaporait doucement, Belldandy s'endormit, épuisée, mais le sourire aux lèvres.

Il la regarda tomber dans le sommeil comme une masse.
Il n'avait même pas eu le temps de lui répondre que ce qu'il faisait n'était simplement que naturel.

Il l'observa quelques minutes, cette fois, son sommeil était calme. Il n'avait plus aucune raison d'être inquiet pour elle.
Alors il s'assit sur la chaise, face au bureau, et écrivit quelque chose d'obscur sur une feuille de papier blanc.

Il la veilla ainsi pendant une durée qui lui parut une éternité, et durant laquelle il avait eu le temps de faire toutes les petites choses qu'il lui avait à faire pour l'avenir.

Le rêve de Belldandy était différent, cette fois-ci. Elle était dans les somptueux jardins du paradis, là où elle était née. Et elle chantonnait alors que les oiseaux se rassemblaient autour d'elle, fascinés par la voix de la petite déesse. Soudain, un homme s'approcha d'elle, et elle reconnut Célestin, son professeur. Il lui parla d'une voix douce et chaude. Il la complimenta, lui dit que sa voix était à présent très jolie, sans fausses notes. Elle sourit...
Le temps s'accéléra, elle était à présent un peu plus âgée, une douzaine d'années tout au plus. Elle parlait toujours avec Célestin, puis s'endormit, la tête sur ses genoux, alors qu'il chassait une mèche du visage de Belldandy. Il lui demanda en murmurant de se dépêcher de grandir...
Le rêve se modifia à nouveau, elle arrivait à Kinako. Elle découvrait qu'elle maîtrisait le feu, mais qu'elle avait besoin d'aide. Elle allait alors assister au cours de Monsieur Babylon...
Elle le provoquait en duel à la fin du cours. Et elle partait en lui souriant.

Lorsqu'elle se réveilla, elle vit que Monsieur Babylon était assis à son bureau. Elle se releva tout doucement dans le lit, puis se leva et se dirigea avec lenteur vers lui. Elle passa la tête par-dessus son épaule et demanda gentiment :

"Sensei...vous êtes occupé ? Que faites-vous ?"

Elle ne regarda cependant pas ce qu'il avait écrit, par politesse. Après tout, c'était peut-être confidentiel...

Il ne l'entendit pas se réveiller. Il ne l'entendit pas se lever non plus, sinon il l'en aurait dissuadée. Il ne voulait pas qu'elle aie la tête qui lui tourne et que ses jambes cèdent sous elle.

Mais il était assez concentré sur ce qu'il écrivait.
Il sentit soudain une présence derrière lui, et une voix qui l'appelait et lui demandait à quoi il était occupé.
Il avait l'impression d'être espionné, et ce n'était pas pour lui plaire. Il se retourna brutalement.

Elle n'avait pas particulièrement l'air curieuse, et il en fut heureux.
Il la regarda, et constata qu'elle avait l'air bien, et surtout mieux.
Il lui sourit presque, avant de répondre à la question :

"Rien de bien particulier."

Son écriture sur la feuille était étrange, presque illisible. D'un noir de jaix, l'encre laissait une emprunte qui semblait particulièrement indélébile.
Il plaça son coude sur la table pour empêcher la jeune fille de lire quoique ce soit qu'il avait écrit.

De ses yeux investigateurs, il l'observa, comme s'il avait voulu l'osculter.

Elle l'avait surpris. Et apparemment, il était en colère, puisqu'il avait placé son coude sur la table afin de l'empêcher de lire. Il devait sûrement croire qu'elle voulait l'espionner.

"Ano...sensei, je ne regardais pas, je vous assure. Je ne me permettrais pas de lire quelque chose que vous êtes en train d'écrire si je n'y suis pas invitée, vous savez."

Elle soutint le regard du professeur pour lui montrer qu'elle était sincère et franche.

"Enfin...je peux comprendre que vous n'ayiez pas confiance en moi. Après tout, je me demande comment vous pouvez encore me parler après ce que je vous ai avoué..."

Elle chercha étrangement à se défendre, il ne lui avait pourtant absolument rien reproché.
Il la trouvait bien trop sur la défensive à son égard. Mais il comprenait parfaitement ce genre de réactions, ce même genre de réaction qu'elle lui affirmé ne pas avoir à son égard.
Un sourire mélancolique apparut légèrement sur son visage.

Son regard, que Belldandy cherchait à soutenir, se dirigea vers le sol.

Pour lui, la confiance n'avait rien à voir la dedans. Il ne voulait simplement pas que son regard soit pris dans cette feuille sur laquelle il était en train de noter des choses qu'il était préférable à toute personne de ne jamais lire, ni même réellement poser le regard dessus.
Il ne voulait pas avoir l'air plus effrayant qu'il ne l'était déjà. Ce genre d'écrits le calmaient, mais recelaient aussi un petit quelque chose de dangereux.

Elle fit de nouveau une allusion à ses sentiments, du moins était-ce ce qu'il comprit. Il souffla légèrement et répondit calmement, sans la regarder, mais avec franchise :

"En tant qu'ancien professeur et entraîneur, je me dois d'apporter un soutien à tous mes élèves, quelque soient leurs soucis."

Il n'entra nullement dans les détails, mais ce n'était pas vraiment son genre de faire la tête à des gens pour de vagues révélations qu'on lui auraient faites.



[HJ : un peu vache sur la fin, désolée...]

[Punaise, je vois ça ouais >_>]

Belldandy le regarda d'un air triste.

"Quels que soient leurs soucis, hein...je ne crois pas que vous avez mesuré la portée de vos paroles, sensei. Surtout quand ces soucis sont connus de vous, et que leur nature n'est pas banale."

Une brise s'était mise à souffler dans la pièce, mais la jeune fille ne s'en était pas rendu compte. En effet, ses sentiments, mêlés à sa maladie, lui faisaient perdre quelque peu ses perceptions, alors que les mots avaient un effet pire encore que d'habitude : son état était dangereux, mais elle ne s'en était pas encore aperçue.
La fièvre la prit soudain, et elle devint écarlate, puis, sa peau perdit toute couleur, et son visage devenu exsangue semblait appartenir à un cadavre. Ses yeux devinrent d'un bleu pâle, comme si elle était ailleurs.

Elle n'entrait nullement dans les détails. Mais il était sûr maintenant de ce à quoi elle faisait allusion. Il sourit, il était inquiet en revanche de sentir sa chambre envahie par des souffles d'air qui ne lui inspiraient rien qui vaillent.

Elle était visiblement tourneboulée. Elle passa par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel sous ses yeux. Il était maintenant évident qu'il avait un problème sur les bras.

De nouveau, il l'attrappa par les épaules, et la força à s'alonger dans son lit. Il avait l'impression d'héberger un cadavre. Mais il espérait bien qu'elle s'en remette assez vite, et surtout que le vent cesse d'envahir son logement.

Il n'aimait pas du tout ce genre de vent, et ce d'autant plus qu'il ne pouvait pas faire grand chose pour les calmer.

De nouveau, le professeur la força à s'asseoir sur le lit. Le vent s'intensifia, et elle sembla enfin s'apercevoir du souffle qui parcourait la pièce.

"Oh...gomenasai, sensei !"

Le vent tomba sur-le-champ. Elle lui sourit d'un air d'excuse, mais Holy Bell voulut se montrer, et Belldandy l'en empêcha afin que le professeur ne puisse pas se rendre compte de son état véritable. Elle se leva, toujours très pâle.

"Je vais bien maintenant. Je vais pouvoir part..."

Le vent se remit à souffler, plus fort cette fois. Belldandy cria et ramena ses bras sur elle-même en les croisant, puis prit sa tête entre ses mains. Une tornade se forma autour d'elle, puis, Holy Bell apparut, les yeux vides et blancs, le corps traversé de part en part par d'énormes cristaux bleu foncé.

La jeune fille s'excusa. Le professeur secoua la tête énergiquement, pour lui faire comprendre qu'elle n'avait rien à se reprocher. Ce n'était en effet pas vraiment de sa faute.
Il était évident qu'elle voulait se cacher. Elle s'apprêtait à partir de nouveau lorsqu'elle hurla et se mit en position de protection, signe de souffrance intense.
Le vent était toujours plus violent et d'autant plus inquiétant.

Holy-Bell apparut, son état semblait des plus catastrophiques. D'étranges pierres brillantes apparaissaient, surgissant de son corps.
Il n'avait pas la moindre idée de ce dont il s'agissait, mais il savait à quel point c'était grave.

Il pensa qu'il allait devoir rejetter l'interdiction du monde de la jeune femme et y retourner pour pouvoir l'y emmener. Là-bas, il pensait que peut-être quelqu'un pourrait l'aider.

Mais avant toute chose, il demanda à Belldandy, en posant sa main, à travers le vent, sur son épaule :

"Je peux faire quelque chose pour toi? Tu veux quelque chose?"

Puis, il regarda Holy-Bell, il s'apprêtait à la questionner à son tour, pour obtenir une directive quelconque. Mais, lorsqu'il vit ses yeux, il se ravisa. Ils étaient en effet mornes, vides, d'un blancheur et d'une pâleur extrèmes.

L'inquiétude du professeur ne faisait maintenant plus que s'accroitre.

Ni Belldandy ni Holy Bell n'entendirent le professeur demander si elles avaient besoin de quelque chose. Malades, les deux jeunes femmes entendaient des voix dans leur tête et tentaient de les chasser afin de retrouver leurs esprits.
Belldandy vit son professeur partir et s'éloigner d'elle, inexorablement. Alors, dans son délire, elle
hurla:

"Sensei ! NOoOn !"

Elle ouvrit les yeux, et ils étaient aussi vides que ceux de son ange. Elle commença alors à envoyer des boules d'énergie d'air sur des ennemis imaginaires, détruisant les objets de la pièce.

"Ne faites pas de mal...à Monsieur Babylon !"

Près du bureau, un objet en verre explosa, et la feuille sur laquelle avait écrite l'homme quelques instants auparavant s'envola et se colla contre la porte.

Enfin, quand elle eut détruit bon nombre d'objets qu'elle prenait pour des agresseurs du professeur, Holy Bell disparut, et Belldandy se retrouva "téléportée" dans un lac transparent, nue, en face d'elle-même. Son double lui dit doucement, en la prenant dans ses bras :

"Laisse-moi partager ta souffrance...ensemble, nous pouvons réussir, Berudandi..."

Elle se blottit dans ses bras, et l'illusion disparut. Lorsque son esprit revint dans la réalité, elle s'évanouit et tomba sur le sol alors que le vent cessait de souffler.

Le professeur fut partiellement choqué et en tout cas totalement étonné de la véhémente réponse de son élève, qui hurla qu'elle n'avait besoin de rien. Du moins était-ce ce qu'il comprit de ce cri de détresse, pourtant il était évident qu'il ne pouvait rien en croire.

Ces soupçons se confirmèrent lorsqu'à nouveau, elle demanda que l'on ne lui fasse pas de mal, non à elle, mais bel et bien à lui. La colère l'envahit instantannément. Pourtant il n'avait pas la moindre idée de ce à quoi elle faisait allusion.
Des flèches de vent commencèrent alors à massacrer la pièce, sous les ordres évidents de la jeune fille.

Le professeur comprit qu'il ne pouvait plus la laisser agir à sa guise, d'autant plus qu'elle était véritablement ailleurs, les yeux révulsés d'une blancheur extrème.

Son attention fut alors attirée par le morceau de papier sur lequel il avait gribouillé. Le mouvement qu'il était en train de faire était dangereux. Il se posa contre la porte...

Durant cinq minutes, angoissantes, au cours desquelles Belldandy continua de délirer sans que le professeur en comprenne le sens, rien ne passa.
Monsieur Babylon ne pouvait plus s'occuper de rien d'autre. Il tentait de mettre le feu à cette ridicule feuille. Mais les feuilles du professeur étaient si spéciales, que justement elles n'étaient pas inflammables...

Finalement, la feuille explosa comme un fétu de paille, projetant Belldandy dans les airs, elle s'évanouit au sol. Etant donné le délire qu'elle traversait, le professeur pensa que ce n'était pas une mauvaise chose.

Il laissa pourtant les flammes bleues qui envahissaient rapidement la pièce flamber.
Il les encercla de flammes banales, mais résistantes, comme un mur de protection.
Il prit dans ses bras la jeune fille inerte, se concentra et fut aussitôt transporté dans le pays du ciel, celui dont la jeune fille était originaire.

Le lieu où ils se trouvaient maintenant était très beau, mais le professeur fut inquiet d'avoir atterri dans une zone vierge de civilisation, pas un chat ne se trouvait à l'horizon.
Il posa la jeune fille à terre, et regarda quelques minutes ce qui se trouvait autour de lui, se demandant dans quelle direction il aurait été sage d'aller pour arriver le plus rapidement à un endroit où il allait pouvoir recevoir de l'aide.

Il espérait que le mal dont souffrait la jeune fille n'était nullement contagieux parmi les siens.

[ouhaa... gomen, gomen... je n'ai pas été prévenue que tu avais répondu... je me disait bien aussi... je m'excuse profondémment de t'avoir fait autant attendre... ]


Le professeur fut bien content de voir apparaître une fillette devant lui. Pourtant la jeunesse de cette personne lui semblait étonnante étant donné l'ampleur de la tâche à effectuer. Elle n'était par ailleurs au courant de rien.
Cet accueil lui semblait étrangement bien différent du précédent, au cours duquel il avait été simplement mis à la porte par un homme qui semblait particulièrement puissant pour se défendre aussi peu face à lui. Il était encore faible à cette époque, mais d'autant plus imprévisible.

La fillette demanda rapidement des comptes, mais fut coupée par la vision de la jeune fille à terre. Il fut étonné que son allure s'accélère et qu'elle se jette sur la jeune fille sans autre précaution.

Mais il comprit en l'entendant, qu'elle était sa petite soeur. Il comprit aussi pourquoi c'était elle qui avait été envoyée. Ces gens étaient toujours aussi bien informés, même s'il ne comprenait pas du tout comment.

Elle en appela une troisième. Il pensa que c'était une erreur de sa part, parce que si elle avait été envoyée, il savait bien que ce n'était pas par hazard.

La petite fille avait l'air pitoyable malgré la colère qui la tenait.
L'air que se força alors à prendre le professeur lui donnait l'impression d'être un pervers cherchant à se disculper. C'était aussi pour cela qu'il n'aimait pas sourire. Il plaça ses deux mains devant son torse, paume tournée vers elle, pour lui faire comprendre qu'il n'y était pour rien. Puis, il dit, en cherchant à parler gentiment, et cela lui était bien difficile :

"Tu pense bien que si j'avait vraiment voulu lui faire du mal, je ne l'aurais jamais ramenée ici pour que vous lui apportiez votre aide."

Il doutait pouvoir avoir l'air convainquant, mais son attitude n'était en rien défensive, seulement en pleine dénégation.

La fillette lui en voulait certainement, et ne sembla pas entendre ce qu'il venait de dire. De l'eau fonça droit sur lui. Il se sentit menacé et s'apprêtait à s'écarter lorsque l'attaque contre lui fut anéantie. Une seconde soeur apparut dans le ciel et gronda la plus jeune.

Le professeur reconnu la jeune fille instantannément.
Urd...

Il lui sourit et s'approcha d'elle.
Mais son sourire avait bien changé, il semblait maintenant chargé de connaissance et de supériorité.
Il avait déjà rencontré l'aînée, mais à l'époque, il n'avait jamais vu son ange. Il savait juste à quel point elle était torturée. Maintenant qu'il avait découvert bien plus de choses qu'à l'époque, il pouvait bien comprendre la situation de la jeune fille.
Il parla alors d'un ton neutre qui lui habituel :

"Je vois que tu as toujours le même problème! Ne t'en fais pas, je suis toujours bien plus fort que toi... Par ailleurs, je ne suis plus aussi dangereux qu'à l'époque où tu l'étais aussi!!!"

Il n'entra pas trop les détails, il savait que la jeune fille savait ce à quoi il faisait allusion. Elle avait bien souvent erré dans diverses dimensions où ils s'étaient croisés, à la recherche de son âme, sans comprendre pourquoi le Mal se tenait ainsi en elle.
Elle était visiblement finalement rentrée chez elle, mais ne semblait pas encore avoir trouvé la place qui lui revenait. Il ne savait pas avec exactitude ce qui manquait à la jeune fille, mais il savait qu'elle pouvait y arriver sans gros soucis.

Il s'approcha sans crainte aucune d'Urd, et carressa les ailes noires de son ange, presque avec affection. Elle ne pouvait en être que troublée.

Puis, revenant au seul but de sa visite, il désigna son élève d'un signe de main :

"Je ne peux rien faire pour elle. Mon dernier recourd ne pourrait certainement pas marcher, et pourrait même me tuer. Par ailleurs, ces maladies ne touchent pas les humains, ni les normaux, ni les spéciaux. Alors je n'ai pas la moindre idée de ce dont il s'agit. Je n'ai eu aucun accord de venir, et n'ai d'ailleurs pas la possibilité d'en avoir. Je vous laisse donc cette jeune fille à vos soins."

Il s'éclipsa alors, retournant dans sa chambre.
Il savait bien que les soeurs de son élève allaient revenir le voir après en avoir fini avec elle. Mais il préférait les laisser entre elles, pour la guérir.

[C'est pas grave t'inquiète ^^]

Urd regarda l'homme, un sourire aux lèvres. Ainsi, ils se retrouvaient...celui qui se faisait appeler Monsieur Babylon se tenait là, devant elle. Elle était une des rares personnes qui connaissaient son véritable nom. Ils avaient une certaine connaissance l'un de l'autre.
Elle s'adressa à lui.

"Tiens, tiens, tiens...notre cher Monsieur Babylon, le roi de la destruction et le mystérieux sans-nom. Ca faisait un bail."

Celui-ci fit allusion à son "problème". Son sourire, au lieu de disparaître, s'élargit.

"Oh, tu sais, ce n'en est plus un à présent. J'assume plutôt bien ce que je suis, comme tu peux le voir. Voilà World of Elegance, que tu n'as, évidemment, jamais vue."

L'ange fixait Monsieur Babylon d'un air neutre, ses yeux d'un noir profond sondant son âme. Elle pouvait percevoir ce qui émanait de lui et se méfiait de cet homme, même si sa maîtresse semblait lui faire confiance. Enfin...plus ou moins.

Celui-ci s'approcha d'elle et lui caressa l'aile gauche, la noire. Elle frissonna à ce contact, mais ne dit rien, continuant à le regarder avec une indifférence feinte. Urd ne tiqua pas non plus : après tout, il devait être intrigué de voir enfin la jeune femme oser montrer sa véritable nature par le biais de son ange.

"Ainsi, Belldandy est ton élève...quelle coïncidence. Et je suis certaine qu'elle est tombée sous le charme, ingénue et gentille qu'elle est. Elle a toujours été comme ça. Enfin..."

Ebahie, Skuld assistait à l'échange. Sa grande soeur connaissait celui qui avait amenée sa Onee-sama adorée ? Elle n'en était que plus furieuse encore.

"Je vais chercher de l'aide. Lind-san pourra amener Onee-sama en salle-bulle et prévenir Kami-sama."

Elle partit en courant, Noble Scarlet redoublant d'efforts pour se maintenir à sa hauteur. Urd resta là à regarder sa soeur étendue sur le sol, puis vit le professeur s'en aller. En soupirant, elle prit sa soeur dans ses bras, puis vola en direction du bâtiment principal.

"Belldandy est revenue, mais elle est malade. Ouvrez la salle-bulle."

Chrono acquiesca et commanda l'ouverture de la porte. Mais une jeune femme aux cheveux bleus et courts d'un côté, mi-longs de l'autre lui en bloqua l'accès.

"Urd, tu ne peux pas entrer ici. Et tu le sais."

En souriant toujours, elle tendit Belldandy à la Valkyrie et la lui remit, puis repartit pour retourner à l'endroit où ils avaient atterri. Une fois là, Wolrd of Elegance la regarda d'un air de reproche.

".........."

Il avait écouté et entendu ce que Urdo lui avait dit. Il n'avait pas vraiment pris la peine de lui répondre.
Il était simplement content pour elle qu'elle ait, tout comme lui, été capable de venir à bout de ses doutes et de ses ennuis personnels.
Ce qui concernait son élève, Urdo lut en elle comme dans un livre ouvert, ce qui faisait entendre une certaine clairvoyance, qu'elle était bien loin d'avoir à l'époque. Cela n'était pas fait pour rassurer Monsieur Babylon, qui ne savait que trop ce que signifiait le regard interrogateur de l'ange Elegance. Ce nom ne semblait d'ailleurs pas du tout lui convenir.

Dans sa chambre, le professeur s'allongea instantannément dans son lit, sans vraiment y penser. Son esprit était ailleurs. Il était naturellement inquiet pour son élève. Mais c'étaient surtout les vieux souvenirs que cette rencontre impromptue avaient fait ressurgir qui l'inquiétaient. Elle en savait beaucoup sur lui, tout comme il en savait beaucoup sur elle.
Mais il n'avait aucune idée du chemin parcouru, ni de son état d'esprit actuel. Il espérait ne pas l'avoir blessée par ses paroles lançées sans réelle certitude.
Il croisa ses bras derrière sa tête, et concentra son esprit sur le monde qu'il venait de quitter, espérant que ses pensées de rétablissement atteindraient Belldandy, ainsi que son ange.

Lind prit Belldandy dans ses bras et entra dans salle, tournant le dos à Urd qui partait. Elle déposa le corps de la déesse dans un réceptacle en forme de bulle, qui se referma à son contact. Les vêtements de Belldandy disparurent, et l'eau se déversa dans la prison de verre. Elle était comme remplie de particules vertes qui étaient en fait le seul moyen de soigner l'affection de Belldandy.

Holy Bell ne se montra pas, ce qui inquiéta d'abord Lind, puis, elle se dit que si Belldandy était guérie, ce devrait être le cas pour son ange. Elle pianota sur le tableau qui était apparu devant elle et commanda le renforcement du traitement qui serait introduit dans la bulle afin de guérir Belldandy plus vite.

Elle regarda la jeune fille immobile, les yeux clos, et dont les longs cheveux à présent détachés flottaient dans l'eau et soupira. Puis, elle sortit et s'assura que la salle se refermait de manière hermétique derrière elle.

_______________________________

Le lendemain, Urd se présenta au bureau derrière lequel Chrono était assise et demanda à voir Belldandy. Elle ne répondit pas, car Lind s'était approchée de Urd par derrière et lui avait posé une main sur l'épaule.

"Urd, exceptionnellement, tu peux entrer aujourd'hui, car Belldandy va sortir de la salle-bulle. Mais aujourd'hui seulement."

Elle acquiesca d'un air grave et emboîta le pas à la Valkyrie "à l'aile unique". Le teint de Belldandy était de nouveau normal, et elle semblait aller bien mieux. Lind appuya sur un bouton vert.

"Vidage de l'eau curative. Retrait des liens. Ouverture du système."

La bulle s'ouvrit et Belldandy fut libérée, flottant à présent dans les airs. Elle ouvrit alors les yeux et fit apparaître ses habits de déesse administrative, ceux avec lesquels elle était apparue pour la première fois sur Terre.



"Ohayô gozaimas, Rind ! Et...Urd !"

Elle lévita vers sa soeur aînée et sourit.

"Ca faisait longtemps, Urd." ^^

Celle-ci sourit à son tour et elles sortirent toutes les trois sans un mot. En effet, Holy Bell ne s'était toujours pas montrée. Inquiétant.

"Bien, maintenant que je suis guérie, je peux retourner sur Terre, ne ?"

Les deux déesses se regardèrent, un peu embarrassées.

"Belldandy, où est Holy Bell ?"

Elle fit signe que tout allait bien.

"Elle est un peu fatiguée, mais ça ira mieux d'ici peu, daijobû."

Sans prévenir, elle courut vers la salle de transfert et salua les deux femmes d'un petit signe de la main avant de retourner directement dans la chambre de Monsieur Babylon, toujours en tenue bleue.

La nuit était tombée, puis le temps avait passé.
L'inquiétude du professeur ne lui avait pas permis de fermer l'oeil. Il avait espérer avoir des nouvelles bien plus rapidement. Urd ne donnait signe de vie, pourtant il aurait aimé lui parler. Non de leur passé, parce que cela serait mauvais pour eux, mais plutôt du présent ou de l'avenir. Plus le temps passait, et plus il pensait qu'elle ne lui rendrait nullement visite.

Le soleil finit par se lever de nouveau, sans toujours aucune nouvelle de son élève. Il allait être temps d'aller faire une ronde, pour voir si des élèves avaient besoin de son aide, de son soutien ou de son enseignement.
Il avait une mine de déterré, bien pire que d'habitude. Les élèves allaient sans aucun doute être effrayés, en dehors de sa tenue, qui était d'un noir de jaix, le style des mauvais jours.

Belldandy apparut soudain au milieu de sa chambre dans un halot éblouissant de lumière.
D'abord aveuglé, et surtout ralenti par la fatigue, il finit par sourire, laissant un long soupir de soulagement qui permettait enfin à son corps de se relâcher de toute cette tension accumulée.

Il eut un mouvement pour la serrer dans ses bras, mais se ravisa au dernier moment. La fatigue, décidemment ce n'était plus de son âge.
Il parla donc :

"Bonjour! Comment va tu?"

Il la regarda attentivement, elle avait l'air en forme.
Son corps semblait en bon état de nouveau.
Il s'assit sur son lit, et posa sa tête entre ses mains, les coudes sur les genoux.
Il se sentait soulagé, et était soudain pris d'une brusque envie de dormir.

Belldandy sourit d'un air radieux à son professeur, mais se rembrunit quand elle vit la mine de l'homme : il avait l'air très fatigué et avait dû s'inquiéter pendant son absence.

"Ohayô gozaimas, sensei ! Je vais très bien à présent. Merci pour ce que vous avez fait...c'est vous qui m'avez emmenée chez moi, ne ?"

Quand le professeur s'assit, elle s'approcha de lui et lui posa une main sur l'épaule.

"Mais désormais, vous pouvez être rassuré, je suis en pleine forme. Ne craignez rien. Reposez-vous maintenant, vous méritez bien ça..."

Elle posa son autre main sur le front du professeur, qui s'endormit instantanément et tomba en arrière sur le lit. Elle l'allongea convenablement et l'observa un moment en souriant, puis alla chercher de quoi manger en passant par le miroir non loin de là, dans le couloir. Elle revint un moment plus tard avec un copieux petit déjeuner.

[A toi de voir si tu dors toujours à mon retour ^^]

La jeune fille semblait de nouveau remplie de vitalité, il avait l'impression d'être mort à ses côtés.
Il répondit le plus simplement en allant droit au but par un simple mot à la question de la jeune élève :

"Oui!"

Il sentit une main se poser sur son crâne, et ce fut le noir total, infini, accompagné d'un repos qu'il avait bien mérité en effet, mais qui n'était malheureusement pas naturel et de ce fait totalement réparteur.
Il ne pouvait pas se débattre de cette magie, malgré les choses hituelles qu'il lui fallait faire de sa journée en tant que personnel de l'établissement.

Quand elle revint, le professeur dormait toujours. Elle installa le nécessaire pour manger et entreprit de balayer et de frotter par terre, puis, elle répara les dégâts causés par sa colère et sa maladie. Son chant de soin finit par réveiller Monsieur Babylon, et elle se dirigea vers lui, un grand sourire aux lèvres.

"Vous êtes enfin réveillé, sensei ! J'ai préparé de quoi manger, et j'ai un peu rangé..."

"Un peu" ? Chaque recoin brillait, et tout semblait comme neuf...Elle regarda le professeur, un peu embarassée.

"Enfin...j'en ai peut-être trop fait..."

La jeune fille chanta, le libérant ainsi du charme qu'elle lui avait jeté. Il se réveilla doucement, presque agréablement, et remarqua tout de suite ce que l'élève avait fait durant son sommeil : le ménage... Il n'en revenait pas...

Il la regarda d'un oeil noir... Il n'aimait pas qu'on touche à ses affaires, il espérait bien qu'elle n'avait pas lu ce qu'il avait écrit durant sa maladie.
Il se leva donc brusquement, et se dirigea vers le bureau.
Il trouva la feuille posée, à l'endroit où il l'avait laissée.
Il se tourna brusquement, presque violemment vers Belldandy, et lui demanda d'un voix grave en l'attrappant sèchement par les épaules, la regardant au fond de ses yeux comme pour lire en son âme :

"Tu ne l'as pas lu, n'est-ce pas? Tu ne l'as ps touché?"

Il était stressé, il espérait bien que non, il se doutait aussi que non, mais il devait absolument en être sûr...


[HJ : héhé, chui michant ... non seulement je te fais attendre, mais en plus je rajoute des soucis à ton personnage... hahaha!]