Un professeur ouvert...!?

Ses joues reprirent une teinte plus claire et elle sourit à son professeur. Elle répondit qu'elle aimait bien lorsque le thé était froid mais, en réalité, cela lui était égal, elle disait simplement cela afin qu'il ne s'embête pas à faire chauffer la tasse.

"Sensei, vous savez...malgré ce que vous pouvez dire, je vous trouve très gentil."

Elle lui fit un sourire timide, puis se tut.

Il lui tendit donc la tasse froide, s'assurant qu'elle l'avait bien avant de la lâcher, mais faisant bien en sorte aussi que leurs doigts ne se touchent pas.
Il lui avoua le trouver gentil, alors il ne put s'empêcher d'éclater de rire. Un rire plutôt fort qui s'éternisa durant de longues minutes. Il n'osa pas lui rétorquer qu'il avait longtemps été incontrôlable, sources de peurs et de douleurs; qu'il était toujours colérique, et avait parfois bien du mal à se maîtriser, malgré l'entrainement qu'il avait suivi pour s'améliorer.

Alors il répondit simplement :

"Dans ce cas, l'image que tu as de moi est bien éloignée de la vérité."

Il n'ajouta rien, s'assit à côté d'elle, laissant un espace vide entre eux.

Une image éloignée de la vérité, hein...pourtant, Belldandy savait qu'au fond, tout au fond de lui, se cachait quelqu'un d'aimable et capable de grandes choses, et pas forcément négatives. Mais elle avait déjà remarqué qu'il possédait une autre personnalité, si elle pouvait dire, et qu'il s'efforçait de montrer son autre quand il voulait masquer ce qu'il ressentait. Et elle admirait cela. Elle était incapable d'agir ainsi. On lui avait toujours appris à être droite et sincère, et cela lui jouait parfois des tours lorsqu'elle voulait éviter de dire certaines choses.

"Peut-être. Mais...j'aimerais tellement vous connaître vraiment."

Elle regarda la tasse dans ses mains en silence.

Elle sembla réfléchir quelques instants, puis elle se contenta de ne pas le contrarier. Il avait l'impression en effet que c'était à regret qu'elle disait ce qu'elle lui avait répondu.
Il sourit, presque moqueur.
En revanche, elle avoua qu'elle voulait mieux le connaitre, alors il pouffa et rétorqua :

"Je ne suis pas aussi intéressant que tu as l'air de le penser."

Elle avait maintenant l'air pensive, il se demandait ce qui pouvait bien se passer dans la tête de cette jeune fille pour qu'elle puisse ainsi se sentir attirée par lui.
Mais, comme pour la rassurer, il ajouta :

"Ne t'en fais pas! Je suis sûr que tu rencontrera quelqu'un bientôt qui te paraitra bien plus important que je ne le suis pour toi maintenant."

Il ne connaissait pas l'amour, ni quoi que ce soit qui touchait à ce genre de choses. Mais il ne s'était jamais mis sur les rangs des coeurs à prendre. C'est pourquoi, il ne rendait pas compte à quel point il s'était rendu inaccessible. Une femme qui le voulait dans son lit et dans son coeur devait être tenace pour réussir à la convaincre.
Mais dans le cas de Belldandy, la situation était bien plus compliquée de par la différence d'âge et la relation préexistante d'élève à professeur, le rendait bien plus inaccessible pour elle que pour une inconnue...
Il était bien incapable de s'en rendre et de le lui expliquer. Mais le combat qu'elle allait devoir mener pour le conquérir n'allait pas être simple.


[HJ : houhouhou... t'as vu ça comment je la torture ta Bell-chan!!! héhé]

[HJ : ouais, missante va ! T__T]

Elle affirma sa prise sur la tasse et regarda l'homme d'un air déterminé et convaincu.

"Moi, j'en suis certaine ! Vous ne connaissez pas votre valeur, c'est tout. Sûrement parce que personne n'a eu l'occasion de vous la révéler..."

Elle se tut soudain en réalisant ce qu'elle venait de dire et rougit, embarrassée.

"Go...gomenasai, sensei...ce n'est pas ce que je voulais dire, mais...je voulais simplement...enfin...vous n'avez jamais aimé personne, n'est-ce pas ? et personne ne vous a jamais dit éprouver des sentiments pour vous...est-ce que...je me trompe ?"

Elle fixa son professeur d'un air interrogateur. Elle était persuadée qu'il lui répétait sans arrêt qu'elle allait trouver quelqu'un d'autre parce qu'il n'était pas à l'aise avec l'amour...

Il lui sourit devant la hardeur qu'elle mettait à lui répondre... Il n'était pour autant pas convaincu. Il était assez vieux, assez autonome et assez sûr de lui pour savoir ce qu'il valait avec la plus grande exactitude.
Mais il fallait bien avouer que sur le point de vue sentimental, il n'avait absolument aucune connaissance, et aucune valeur.

Ell devint alors étonnament hésitante, après même s'être excusée. Il trouvait surprenant qu'elle fasse autant attention à ce qu'il lui demandait pour son propre aise. Mais il sourit :

"Non, ce n'est pas grave..."

Il rougit, étrangement, il décida d'être honnête avec elle :

"En effet, je n'ai jamais eu ce genre de relations. Cela ne me manque pas vraiment, mais je dois bien avouer que je n'ai aucune expérience, alors..."

Il ne termina pas sa phrase parce qu'il ne savait pas trop ce qu'il devait ajouter, pourtant, au fond de lui il avait l'impression de devoir ajouter quelque chose. Des excuses ne lui semblaient pas de mise. Alors il hésita, réfléchi sans rien trouver, et se tut finalement, en fermant la bouche.

Elle fut surprise de voir son professeur rougir de la sorte. Elle but une longue gorgée alors qu'il lui confirmait qu'il n'avait jamais eu de relations. Il n'avait donc aucune expérience en la matière. Belldandy sourit, dissimulée par la tasse.

Mais il ne termina pas sa phrase alors que Belldandy sentait bien qu'il voulait ajouter quelque chose.

"Alors quoi ? Vous n'avez pas envie d'essayer ? Ca ne coûte rien, vous savez."

Elle lui sourit et continua à boire lentement.

Il ne vit pas sa réaction. Il était relativement étonné qu'elle ne lui donne aucun indice particulier concernant ce qu'elle en pensait. Il se sentait mal à l'aise. Il n'était pas habitué. Il avait l'impression de devoir attendre quelque chose qui ne venait pas.
Il détestait ce genre de relations, ce genre d'incertitudes. Il était certes déjà passé par là. Mais il était rare que les doutes aient rapport à une tièrce personne. Tout ce qu'il connaissait et avait appris à connaître, c'était lui-même, ses pouvoirs, ses capacités, ses limites.
Il ne savait plus très bien ce qu'il voulait dire, ou plutôt, il ne pouvait pas l'exprimer, il ne trouvait aucun mot.
La jeune fille demanda où il voulait en venir. Elle cherchait à le persuader qu'il lui suffisait de tenter sa chance. Il n'en croyait toujours pas un mot, il n'avait pas assez de confiance en lui pour accepter une telle proposition.
Il répondit pourtant :

"J'ai exorcisé ce genre d'envies il y a bien longtemps... lorsque j'ai réalisé ce que j'étais et qui je suis. Alors aujourd'hui, je n'ai plus ce genre d'envie, c'est bien simple."

Pour le reste de ce qu'elle disait, il était convaincu du contraire :

"A vrai dire, cela coûte beaucoup plus que tu semble le croire.
Le coeur n'a certes aucun rapport l'argent. Mais les sentiments comptent énormément. Je ne veux pas te donner de faux espoirs, d'abord, et de plus lorsque l'on s'investit véritablement dans une relation, alors on peut tout perdre. Et c'est justement cela qui coûte."

Il lui sourit, comme pour la rassurer. Mais son sourire n'était pas vraiment rassurant.

Il but avec elle, et la regarda simplement d'un air presque désolé pour elle.

"Exorcisé...vous parlez de ça comme si c'était un démon malsain, une malédiction. Ce n'est pas le cas. Je vous l'assure."

Il lui dit que dans ce genre de relations, on pouvait tout perdre. Elle était d'accord avec lui sur ce point. Mais le prix à payer en cas d'échec valait bien ce que l'amour apportait lorsqu'il était partagé.

"Vous savez, l'amour peut être un moteur, un stimulant. Et après ce que j'ai fait, je me suis juré de le considérer comme tel. Et de ne plus me laisser aller comme j'ai pu le faire. Pour, justement, ne pas tout perdre."

Deux ailes jaillirent dans le dos de Belldandy, bientôt suivie par une jeune femme qui devait avoir le même âge que la déesse. La blonde posa la main sur l'épaule de sa maîtresse et sourit d'un air radieux au professeur.

"Et ça, c'est Holy Bell qui me l'a fait comprendre. Vous voyez ?"

La jeune fille interprêta ce qu'il disait de la pire manière. Elle n'avait pas tord sur le fait que son vocabulaire avait été fort mal choisi.
Mais au fond, il ne faisait que dire sa pensée telle qu'il la voyait.
Elle cherchait à lui faire comprendre son point de vue. Il comprenait sa démarche, mais ne la suivait pas sur ce terrain. Pour lui, l'amour n'était fait que pour les autres, les gens normaux, ceux qui ne risquaient pas de mettre le feu à la maison avec les enfants à l'intérieur.

Il sourit presque légèrement, sans réelle conviction. Cette fille était du genre à croire au mariage et à ce genre de contes de fée.
Mais Monsieur Babylon était vraiment, tellement résigné qu'il avait fini, tout naturellement par ne pas y penser.

Il ne comprit pas à quoi elle faisait allusion en parlant de ce qu'elle avait fait. Il pensait que son erreur lors du cours ne devait pas en être la raison. Il ne trouverait pas cela bien cohérent.

Il demanda alors qu'elle disait qu'elle voulait transformer en moteur ses mauvaises attitudes précédentes :

"Alors pour toi, toute relation est forcément positive, et se termine forcément bien? "

Il attendit qu'elle réponde avant d'ajouter :

"Je ne crois pas une seule seconde que les couples n'apportent que du bien l'un à l'autre. Les problèmes qu'ils traversent les affectent et leur donnent bien du fil à retordre. A bien y penser, je me dis parfois que j'ai de la chance de ne pas avoir à traverser ce genre de passades."

Il lui sourit d'un air convaincu avec une pointe d'amertume dans le regard.

Le professeur sourit lorsque Holy-Bell apparut. Belldandy avoua que c'était grâce à elle qu'elle en était venue à ce genre de conclusions, alors l'homme répondit :

"Je suppose que c'est une bonne chose..."

Son ton était casiment ironique.
Puis il regarda Holy-Bell dans les yeux et ensuite Belldandy dans les yeux, et lui dit presque content :

"Je suis bien heureux que vous vous soyez retrouvées. Je ne sais pas comment, et je suppose que je n'ai pas le droit de te demander comment. Mais c'est bon pour vous deux de pouvoir rester ensemble."

Il comprenait maintenant un peu mieux la démarche de la jeune fille de venir le voir, et surtout le soutien qu'elle avait dû recevoir pour continuer à espérer.
Son ange avait dû lui dire du bien de lui, et cela, il avait bien du mal à l'accepter.

Elle hésita avant de répondre.

"Non, toute relation n'est pas forcément positive. Mais...je pense que les mauvais moments ne sont rien à côté des bons que l'on peut passer avec la personne que l'on aime."

Elle regarda Holy Bell. Celle-ci disparut après un hochement de tête entendu.

"Nous nous sommes retrouvées, certes. Disons que Kami-sama a été indulgent avec moi, parce que je n'avais jamais commis d'erreur de ce type auparavant, et que j'ai un rang élevé là d'où je viens. Cependant, ce n'est pas une raison pour que je me croie tout permis. Je n'aurai pas de seconde chance. J'en suis consciente."

Elle se tut un long moment. Elle en vint alors à se demander ce qu'elle faisait là, assise sur le lit de l'homme qu'elle aimait, à discuter de choses et d'autres alors que son coeur se comprimait douloureusement depuis son arrivée. Elle se mit à pleurer sans vraiment s'en rendre compte et se leva, prise de vertiges.

"Je...je pense que je vais...vous laisser...je vous ennuie certainement..."

Elle le regarda, les yeux pleins de larmes, mais ne bougea pas d'un pouce, clouée sur place.

Elle était positivement philosophe concernant sa situation et surtout le fait que la moindre erreur lui serait désormais fatale. C'était aussi pour cette raison que le professeur ne voyait pas l relation qu'elle voulait instaurer entre eux d'un bon oeil. Lui, n'avait de comptes à rendre à personne.
Il ne vit pas dans quel état elle était en train de se mettre. Il la vit se lever et tituber. Il se demanda pourquoi elle se levait sur des jambes qui semblaient aussi faibles.
Il l'attrappa fermement par les épaules et la força à se rassoir, comme s'il n'entendait pas ce qu'elle était en train de dire et lui affirma :

"Tu n'es pas en état de rentrer. Tu devrais te reposer ici un peu, avant de t'en aller. Il te faut être raisonnable. Tu as l'air fatiguée."

Sans vraiment faire attention à ce qu'elle pourrait ressentir par ce geste, il lui prit le visage par le menton et la força à le regarder. Il plongea ses yeux dans les siens et remarqua une humidité flagrante :

"Tu pleures??"

Il se demandait bien ce qui pouvait en être la cause et demanda donc, presque intrigué :

"Pourquoi? ... Quelque chose ne va pas?"

Elle fut brusquement ramenée sur le lit, assise. Le professeur fit alors un geste qui la fit sursauter : il prit son menton dans sa main et la regarda dans les yeux. Troublée, elle ne put répondre tout de suite.

"Je..."

Au bout d'un moment, elle articula :

"J'aimerais tellement...ne pas pleurer...mais..."

Les larmes coulaient abondamment à présent.

"...je me demande ce que je fais là, à discuter avec vous, de choses...de tout, sauf de ce que je dois faire pour...sensei, je suis perdue, je ne parviens pas à vous comprendre, et je ne suis sûre que d'une chose, de mes sentiments...c'est pour ça que je..."

Elle dégagea son menton de la paume de Monsieur Babylon et détourna le regard en ne pouvant s'empêcher de laisser le torrents de larmes dévaler ses joues.

Elle semblait chercher à s'excuser, mais elle n'avait aucune raison de le faire.
Elle revenait toujours inexorablement à ce sujet qu'il cherchait, au contraire, à éviter.
Il ne savait vraiment pas comment réagir face à une fille en pleurs. Parfois il voulait la gifler pour lui remettre les idées en place, parfois il voulait la serrer contre lui pour la réconforter.
Mais il ne faisait rien, il restait là, comme planté comme un arbre, presque pour le décor, sans rien dire, attendant qu'elle se calme. Il ne trouvait rien à lui répondre, juste qu'il ne savait comment agir, et qu'il savait bien qu'elle ne pouvait pas comprendre. Sans doute parce qu'il n'y avait rien à comprendre.
Il ne cherchait même plus à se comprendre lui-même. De plus, le sujet qu'elle abordait était le dernier qu'il avait vraiment envie de comprendre. En effet, il avait abandonné depuis bien longtemps.
Alors il resta planté et surtout désagréablement silencieux.

Elle parvint enfin à le regarder au bout d'un long moment de silence.

"Je dois vous ennuyer avec ça...dites-moi si vous voulez que j'arrête d'en parler...je partirai..."

Elle le dévisagea en attendant une réponse de sa part. Elle avait envie de se blottir dans ses bras, mais n'osait pas de peur d'être repoussée, ou pire encore, d'être définitivement éloignée de lui. Elle ne savait pas comment réagir, alors, tout comme lui juste avant, elle resta plantée là, ses yeux céruléens plongés dans ceux, vairons, de Monsieur Babylon.

Elle confondait allégrement le sujet de la conversation avec la raison de sa présence. A moins que ce ne soit la seule raison de sa présence.
Alors il fut honnête avec elle et répondit, en tentant d'être gentil :

"En effet, je préfèrerais que ce sujet reste clos. Mais ce n'est pas nécessairement une raison pour que tu parte. Si tu as vraiment besoin de parler, il va de soi que je suis là pour t'aider. Cependant, je ne peux en aucun cas te promettre de réponse qui te convienne."

La dernière phrase n'était pas totalement représentative de ce qu'il voulait dire, mais il pensait vraiment ne pas pouvoir répondre positivement aux sentiments qu'il lui inspirait.

Il supporta son regard réclamateur, mais le sien restait totalement neutre, n'exprimant rien de particulier.

Belldandy baissa les yeux, gênée.

"Sensei...j'espère que vous ne me voyez pas simplement comme une enfant capricieuse qui veut absolument obtenir ce qu'elle désire. Je suis différente. J'ai 19 ans, et je ne suis pas là pour gagner quoi que ce soit. Et je ne sais pas si vous en avez conscience. Mais..."

Elle serra doucement le poing.

"...je vous remercie tout de même d'être là pour m'aider, même si vous ne pouvez rien faire pour moi. Je vais vous laisser..."

Elle se dirigea vers la porte et se tourna vers lui pour lui sourire, d'un sourire triste qui ne ressemblait pas à celui qu'elle avait toujours eu. Et pour cause, elle pleurait...

Il ouvrit de grands yeux en entendant ce qu'elle espérait ne pas être à ses yeux : en effet, ces suppositions ne lui étaient même pas vraiment venues à l'esprit.

Elle avait l'air déçue. Son poings pouvait inspirer la colère, mais le professeur n'était pas particulièrement doué pour discerner et interprêter ce genre de signes, dans ce genre de circonstances.
Il se leva donc.

Il la suivit tandis qu'elle se dirigeait vers la porte, et l'ouvrait.
Elle se retourna pour se forcer à sourire, la visage baigné de larmes qui lui semblaient bien amères.
Il lui sourit en retour , et lui dit, gentiment, doucement :

"Je suis alors désolé de ne rien pouvoir faire pour t'aider. Mais n'hésite surtout à revenir me voir si tu rencontre tes problèmes dans ton pouvoir ou dans l'école."

Par cette phrase, il venait de restreindre les raisons des visites de la jeune fille. Mais il était ainsi sur que lorsqu'il la reverrait ( de cela, il ne doutait pas... ) il pourrait vraiment faire quelque chose pour elle.
Il la regarda, ne sachant que faire pour la calmer de la tristesse dont elle faisait preuve. Il souriait maladroitement, ne trouvant rien pour la soulager. Il finit par baisser les yeux, déçu de ne pas pouvoir faire quoi que ce soit.

Belldandy vit que le professeur la raccompagnait. Elle l'entendit dire qu'elle pouvait revenir si elle avait un problème avec son pouvoir ou bien un ennui dans le cadre de l'école. Cela signifiait donc qu'elle ne devait pas revenir le voir pour la principale raison de sa venue ici. Elle eut l'impression qu'une main de fer impitoyable lui broyait le coeur.
Le souffle coupé, elle répondit faiblement :

"Arigatô...sen...sei."

Elle sortit en titubant quelque peu et s'éloigna à pas lents dans le couloir.

Elle le remercia, il n'en trouvait pas la raison parce qu'il n'avait rien pu faire pour l'apaiser.
Il sourit en la regardant s'éloigner comme à reculons.
Il ne lui dit rien. Il ressentait une légère pression dans la poitrine à la voir partir d'un pas aussi hésitant.


[HJ : c'est court, dis moi si tu veux mettre un terme au topic ou non...]

[Si on arrête le topic, on en reprend un ailleurs hein ? *yeux tout brillants* je pensais à en faire un autre avec un combat contre quelqu'un d'autre ou bien contre un PNJ que je ferais jouer, ça fait longtemps que ça parlote mais ça s'bat pas dans nos topics xD]

*Sensei...*

Belldandy longeait le mur en se tenant appuyée contre le placo. Sa vue se brouillait peu à peu, et Holy Bell sortit, inquiète, pour observer sa maîtresse.

*Belldandy-sama ? Dojitanô ? Belldan...*

Elle ne termina pas sa phrase : la jeune fille, terrassée par son malaise, glissa avec lenteur et se retrouva allongée sur le sol, inconsciente. L'ange tenta de la soulever, mais ne réussit qu'à l'appuyer contre le mur afin qu'elle ne soit pas complètement par terre avant de sombrer à son tour, s'évanouissant et ne laissant qu'une plumeblanche près de la main de la déesse.

Tandis qu'il la regardait partir, il remarqua que son attitude était loin d'être normale. Il avait l'impression qu'elle avait un soucis de soutien avec ces jambes. Ce doute fut confirmé par l'apparition inopinée de Holy-Bell qui était inquiète pour son amie et maîtresse.
Belldandy chutta bien rapidement. Le professeur l'avait encore sous les yeux, mais même sans la regarder, il pensa que le bruit qu'elle faisait était particulièrement significatif des ennuis dans lesquels elle se trouvait.

Holy-Bell tenta bien de l'aider, mais Belldandy s'affala sur le sol tandis que son ange disparaissait de nouveau en elle. A croire que l'une ne pouvait être consciente sans l'autre.

Le professeur souffla. Décidemment, il la trouvait bien maladroite et bien trop présomptueuse de ses forces.

D'un pas presque nonchalant, il se dirigea vers elle. Il se baissa, la ramassa comme un léger fétu de paille. Il la porta, claqua la porte du pied derrière eux.
Il la posa sur son lit. Elle était légère, elle se laissait faire, c'était évident. Il faisait bien attention de ne pas la blesser par imprudence.
Il s'assit sur la chaise, et se retrouva à la veiller de nouveau.

Il attendit le temps nécessaire pour qu'elle se réveille, tout en lui faisant subir une sorte de rituel inoffensif de sa connaissance pour lui faire gagner plus de forces dans ce sommeil, qu'il lui souhaitait bénéfique.

Il faisait ainsi griller dans les angles de la pièces des batons d'encens énergétiques, il avait mis une musique réputée pour son pouvoir de relaxation, et il marmonnait de temps à autres des incantations dont il ne connaissait pas toujours le sens.

S'il avait fait cela, et qu'il continuait, c'était surtout pour ne pas s'ennuyer durant le temps dont Belldandy avoir besoin pour se remettre de sa journée ou d'autre chose...

Belldandy, inconsciente, ne sentit pas que Monsieur Babylon la soulevait et la transportait vers sa chambre pour l'allonger sur le lit où ils avaient discuté un instant auparavant. Agitée, elle bougeait et marmonnait dans son sommeil, en proie au délire, à la fièvre, ou bien aux cauchemars...

Elle était seule, et se trouvait sur un miroir d'eau, donc solide. Inquiète, elle regardait dans tous les sens, et vit soudain apparaître la silhouette du professeur, une fois d'abord, puis des dizaines, des centaines de fois. La voix de l'homme qui l'appelait résonnait de manière horrible et insupportable dans sa tête, mais elle essayait de ne pas y prendre garde et de tendre la main vers lui. Mais dès lors qu'elle fit ce geste, les innombrables Monsieur Babylon commencèrent à disparaître, emportés par des volutes de fumée, et elle se trouva de nouveau seule.

"Sensei...sensei ! Ne partez pas...sensei !"

Elle vit alors une forme constituée de la même fumée qui avait emporté les clones de l'homme se diriger droit sur elle. Elle voulut crier, mais fut percutée par la forme et se réveilla en sursaut, brûlante de fièvre et malade de peur.

"Iyaaaa !"

Elle se redressa violemment sur le lit, les yeux écarquillés, la respiration saccadée, et mit un bon moment à se rendre compte que ce n'était qu'un mauvais rêve. Il lui fallut encore un temps avant de comprendre où elle se trouvait. Elle regarda le professeur.

"Ano...vous êtes vivant, sensei. J'ai eu si peur..."

Elle vit alors les bâtons d'encens disposés dans la pièce et comprit d'où venait la fumée de son rêve.

Les incantations farfelues du professeur furent à plusieurs reprises interrompues par les gémissements du sommeil agité de la jeune fille. Etendue sur son lit, l'amplitude de l'affection qu'elle ressentait pour celui qu'elle appelait "sensei" était une évidence par les murmures et parfois les cris que sa bouche laissait échapper. Il était inquiet. Il espérait qu'elle n'était pas malade. Mais il ne tirait aucune conclusion de ces divagations.

Elle se réveilla finalement en sursaut. Monsieur Babylon lui sourit, du plus gentiment qu'il le pouvait, étant donné qu'elle venait de hurler.

Lorsqu'elle lui demanda s'il était vivant, une expression affreuse de consternation se dessina dans son visage. Il répondit sans même prendre le temps d'y réfléchir :

"Evidemment que je suis vivant! ... Je suis pas du genre à creuver si facilement! ... "

Il n'avait pas la moindre idée de ce dont elle parlait ou ce à quoi elle faisait allusion, mais il continua tout de même à parler :

"Et, de nouveau, tu ferais mieux de t'inquiéter pour toi-même au lieu de te préoccuper de moi!"

De nouveau, il était sec. Il avait l'impression que ce qu'il craignait était en train de se produire. Et cela le confortait dans sa décision de ne pas avoir de rapports intimes avec cette élève, ni avec toute autre élève d'ailleurs.

Belldandy sourit à la remarque de Monsieur Babylon.

"Ca, je n'en doute pas. C'est juste...que j'ai fait un cauchemar. Rien de grave."

Sa vue était encore un peu trouble, et elle respirait vite, oppressée par la chaleur qui émanait de son corps. La fièvre semblait ne pas vouloir la laisser en paix, et l'état de son ange qui apparut confirmait que la jeune fille était malade.
Recroquevillée sur elle-même, Holy Bell avait le regard vitreux et semblait avoir du mal à respirer. Les joues rouges, elle s'aggrippait à la toge blanche dont elle était drapée. Elle posa une main sur l'épaule de sa maîtresse et la regarda d'un air inquiet. Elle savait que son état trahissait celui de Belldandy, et se faisait du souci pour elle. Celle-ci lui sourit.

"Holy Bell, ça va aller. Je suis simplement très fatiguée. J'ai besoin de me reposer, j'en ai sûrement trop fait, ces derniers temps."

Holy Bell enlaça son amie (comme sur l'avatar) et resta blottie contre elle pour la réconforter. Belldandy sourit au professeur.

"Sensei, tout ira bien. Je m'occupe suffisamment de moi, ne vous en faites pas. J'ai simplement été surprise, cette fois-ci, par ma crise. Ca m'arrive rarement, alors parfois, je me laisse surprendre. Tout ira bien."

Les joues aussi rouges que celles de Holy Bell, elle regarda l'homme, toujours en souriant.