un milieu d'après midi [avec June Lewis]

Milieu d'après-midi d'un samedi de septembre

Tokie avait déserté le pensionnat de Black Paper Moon pour aller prendre l'air tout le week-end à la montagne. Elle était à peine rentrée qu'elle en avait déjà marre. Son ancienne vie lui manquait, et le fait de ne plus jamais pouvoir retourner à cette époque-là éveillait en elle une profonde colère et beaucoup de haine. Elle avait donc gravement besoin de faire ressortir toutes ces émotions d'une manière ou d'une autre...
Elle était arrivée le matin même et avait commencé par un footing d'une petite heure... Elle ne courait pas très vite, mais était très endurante, et très sportive -ce qui était pratique pour la défoulait, elle qui accumulait très facilement la colère en elle-. Il ne faisait ni trop froid, ni trop chaud. Et le ciel était légèrement gris. Un temps typiquement automnal, quoi.

Tokie venait de finir de manger et comptait se reposer au bord du torrent, mais elle se rendit compte que son baladeur n'avait plus de batterie. Elle détestait devoir se passer de musique. Elle commença à marcher le long du court d'eau...
Un peu plus loin, elle aperçut quelqu'un. Elle poursuivit sa route sans vraiment s'en soucier, mais l'inconnue était sur son chemin. Distraite, elle trébucha alors et plongea la tête la première dans le torrent. Heureusement le courant n'était pas très fort, et c'était peu profond à cet endroit. Elle remonta sur la rive, trempée.

Que faisait une jeune fille d'une quinzaine d'années immobile sur le bord d'une rivière, seule ? Elle n'avait personne ici. Ni ailleurs sur ce continent. Elle était loin de tout ce qu'elle connaissait. Le seul repère qu'elle avait était éventuellement son pensionnat. Cold Tales. Cette école qui lui était pourtant encore peu accueillante, malgré les trois semaines déjà passées dedans. Elle ne s'était pas fait d'amis. Les gens de sa classe ne s'approchaient pas d'elle. Elle se disait que c'était sûrement parce qu'elle était trop moche et pas assez attirante !

June était vêtue d'un gros pull en laine qui lui était beaucoup trop large ainsi qu'un long baggy noir. Ce matin encore, devant la glace dans la cabine de douche, elle avait jugé un peu trop sévèrement ses cuisses et son ventre trop plat. Les trouvant énormes, elle avait décidé de s'habiller large. Elle avait laissé ses cheveux blonds pendre autour de son visage maigre, sans aucun maquillage.

Pourquoi était-elle venue dans la montagne ? Petite, elle avait entendu que la meilleure consolation après celle des proches était celle de la nature. Comme elle était très affectée par cette solitude, elle avait décidé d'aller se ressourcer auprès de l'éternité. Elle avait donc pris un taxi le matin qui l'avait emmené sur le "Col du Viad", comme il l'appelait ici. Enfin.... Plutôt au pied du col ! Elle avait vu sur internet d'une rivière y passait. Elle voulait aller voir comment c'était.

Plantée devant la rivière depuis une longue heure, elle ne bougeait pas. Elle avait le ventre qui gargouillait mais avait depuis de nombreuses années appris à ne plus le ressentir. Elle n'était de toute façon plus qu'une âme entre la vie et la mort dans un corps qui n'en valait pas mieux.... Les yeux fixés sur les remous qui faisait l'eau, elle ne pensait plus. Comme on le lui avait dit, l'eau apaisait. Cependant, même si elle se sentait mieux qu'avant, elle ne souriait plus. A croire qu'elle avait oublié comment faire....

Soudain, un bruit la fit sursauter. Un bruit, comme lorsque l'on envoie une pierre dans l'eau. Elle se retourna brusquement, inquiète. Qui était donc là ? Puis elle vit quelqu'un sortir de l'eau.

La blonde ouvrit la bouche béante, ne sachant quoi faire, quoi dire, quoi penser. Sa main était plaquée contre son cœur qui venait de se mettre à battre à tout rompt.... Elle fixa la personne et, sans aucun tact, la regarda de haut en bas. La première chose qu'elle se dit fut la suivante : "Qu'est-ce qu'elle est bien foutue...." Pourtant, on ne pouvait absolument pas distinguer ses formes sous les habits de l'inconnue tellement ces derniers étaient larges.... Mais c'était sûrement psychologique ! Parce qu'elle se faisait la même réflexion à chaque nouvelle rencontre....

La blonde continuait de fixer la jeune femme face à elle lorsqu'un mot sorti d'une toute petite voix :

"Bonjour...."

Tokie était trempée, ses vêtements lui collaient à la peau, ses cheveux dégoulinaient dans son dos et sur son visage, faisant couler le peu de maquillage qu’elle avait sur les yeux. Eh bien, elle était en bien piteux état. Bien que l’air ne fût pas trop froid, il ne faisait pas assez chaud pour qu’elle pût s’empêcher de frissonner.

La jeune fille sentit qu’on l’observait. Instinctivement, elle pivota sur elle-même, regardant autour d’elle. C’est alors qu’elle aperçut la personne qu’elle avait repéré juste avant son plongeon. Elle s’était levée : c’était une jeune fille que Tokie aurait cru du même âge qu’elle si son gabarit n’était pas aussi petit. En effet, elle devait arriver à peine plus haut que les épaules de Tokie… Elle était blonde, avec de grands yeux expressifs et timides, son visage était très mignon, quoique beaucoup trop maigre, tout comme le reste de son corps. Elle portait des vêtements beaucoup trop grands et larges pour elle…

*Elle est sûrement anorexique, vu sa maigreur …* pensa Tokie

La blondinette lui adressa un petit bonjour, que Tokie n’aurait certainement pas entendu si elle n’avait été aussi près.

« Ah euh… Bonjour… » répondit timidement Tokie.

Elle était tombée lamentablement dans le torrent, et cette fille avait tout vu. Tokie n’avait rien contre elle, mais sa fierté en prenait un sacré coup. La maladroite se frotta la tête ; gênée. De l’eau dégoulina encore de sa chevelure. Elle commença alors à essorer tout ce qu’elle pouvait et enleva son survêtement pour le faire sécher… Après quelques minutes, elle réfléchit à ce qu’elle allait faire. Elle regarda le torrent, puis le chemin, pis l’autre côté, et encore le chemin, puis la forêt… Oh non ! Ce n’était pas vrai ! ça ne pouvait pas être vrai ! Elle s’était lamentablement perdue… Dans une montagne, AVEC UN CHEMIN… !

« Kusoooooo …! »

» ~ June Lewis ~
» Repas de midi avec Belldandy
» assise au milieu des cignes blanc
» seule pendant son malaise au milieu de la plage....
» * Debout, en plein milieu, devant les affiches de films *