Un professeur ouvert...!?

Monsieur Babylon se reposait sur son lit. Il n'attendait pas vraiment de la visite. Mais espérait bien au fond en recevoir.
La raison de ces visites n'avaient véritablement aucune importance pour lui. Il aimait tellement la solitude, que sa patience s'en était trouvée décuplée. Mais lorsqu'il se prenait à espérer un visite, il regardait le plafond en laissant ses jambes vibrer de curiosité. Il ne voyait nullement l'avenir, alors il ne savait rien. Il était véritablement dans le noir total. Mais il en profitait pour se concentrer. De temps en temps, il premettait à une flamme de prendre consistance au dessus de son ventre ou de sa poitrine. Il la regardait ainsi briller sous ses yeux émerveillés, pour finir incommensurablement par s'éteindre.
Ne plus briller de milles flammes, il s'humectait alors les lèvres, fermait les yeux pour se ressourcer. Il continuait à attendre, en échaffaudant des plans presque diaboliques pour vaincre. Ce n'était nullement son but. Mais il aimait à se prendre au jeu par moments.
Parfois un sourire extrèmement machiavélique embellir son âme, ses yeux vert et violet brillaient et donnaient des reflets spectaculaires au rythme de ses pensées...

[Disons que je me suis...enfuie du cours xD sinon on peut dire que ça se passe quelques semaines plus tard, ok ?]

Une jeune fille frappa doucement à la porte et passa timidement la tête par l'entrebaillement. Elle vit son professeur allongé sur le dos, occupé à s'amuser avec le feu. Elle dit, d'une petite voix :

"Ano...Babylon-sensei...puis-je entrer ?"

Elle attendit patiemment une réponse, affirmative ou pas, de Monsieur Babylon.

Le professeur fut finalement perturbé par un cognement à la porte. Il eut à peine le temps de se lever. La personne qui lui rendait finalement visite avait poussé la porte et passé sa tête par l'espace ainsi créé.
Il laissa échapper un souffle profond en voyant qu'ils 'agissait de Belldandy, elle lui apportait une odeur de roussit, il ne la sentait pas. Elle était toute timide. Il espérait au fond qu'elle vienne lui annoncer qu'elle s'était trouvé un petit-ami, mais il en doutait.
Il s'assit sur le lit, lui montrant la chaise du bureau de la main et répondit :

"Vas-y! Fais comme chez toi!"

Il fit une pause, avant de plonger dans le vif du sujet :

"Alors, pourquoi tu es là? un soucis avec ton élément??"

Il demanda des renseignements concernant la raison la plus évidente pour laquelle un élève pouvait venir lui rendre visite.


[HJ : je préfère que ce soit après, mais longtemps... aussitôt, ce ne serait pas cohérent avec mon histoire...]

[D'accord, on fait comme ça ^^]

Belldandy s'inclina et s'assit à l'endroit désigné par le professeur. Elle prit son courage à deux mains et se lança alors.

"Sensei...oui, j'ai un problème avec mon élément. Depuis quelque temps, dès que j'utilise le feu, j'ai l'impression d'être dévorée de l'intérieur...comme si le feu brûlait dans chaque cellule de ma peau. Ce n'est pas douloureux, mais ça m'inquiète. Peut-être que c'est normal, que c'est le signe que j'ai bien assimilé le feu, mais si ce n'était pas le cas ?"

Elle s'arrêta un moment, puis reprit :

"Et...ce n'est pas la seule raison pour laquelle je suis venue vous voir. J'aimerais également savoir...si vous aviez repensé à ce que je vous avais dit à propos de ce que je ressentais."

La jeune fille expliqua en effet un soucis auquel le professeur n'était pas vraiment habitué et pour lequel il allait lui être difficile de faire quelque chose.
Il commença alors une tirade dont le but était d'expliquer pourquoi Monsieur Babylon ne pouvait pas réellement lui répondre :

"Chaque personne a une relation particulière avec le feu. Etant ton second élément, il te sera en effet plus difficile de le maîtriser, mais tu as ce don dans le sang, dans la peau, alors c'est à toi d'apprendre à le comprendre et à le maîtriser à ta manière. Je ne peux donc nullement te dire si c'est normal ou non. C'est à toi de le sentir lors de tes entraînements par exemple."

Il sourit brièvement et difficilement.
Il pensait que si ce n'était pas vraiment douloureux, alors ce n'était pas si grave. Mais elle était inquiète, et il préférait tout de même s'occuper d'elle. Il se demandait aussi si ces sentiments de brûlures n'étaient pas psychosomatiques, à cause de la seconde raison, mais au fond, il n'en savait rien.
Le professeur n'aborda pas le second sujet pour éviter de blesser le jeune fille, mais surtout pour se laisser le temps de réfléchir à ce qu'il allait bien pouvoir lui dire.

Monsieur Babylon lui répondit que, vu que le feu était son second élément, il lui était sûrement plus difficile de le maîtriser. Mais il n'avait pas l'air de trouver ça inquiétant, alors elle était rassurée, en un sens.
Belldandy se demandait également si ces brûlures n'étaient pas dues à ses sentiments, mais elle chassa cette pensée de son esprit. Pourtant, son répit fut de courte durée, car elle se rendit compte qu'il n'avait pas évoqué le second sujet, le plus important pour elle.

"Et...et pour ce que je vous avais dit ?"

Elle ne voulait pas insister s'il refusait de lui en parler, mais c'était important pour elle : en même temps, elle craignait de devoir essuyer un autre refus.

Il resta deux secondes déçu qu'elle n'aie pas oublié le second thème abordé à cause de la réponse au premier thème.
Il n'était plus totalement son professeur, mais elle était toujours bien plus jeune que lui. Il ne ressentait rien de particulier pour elle, et il ne voulait pas en venir à la faire souffrir. Il avait simplement souhaité qu'elle trouve quelqu'un de bien pour elle, et surtout quelqu'un de son âge. Il voulait qu'elle cherche ailleurs, ce qu'il était sur qu'elle ne trouverait pas chez lui.
Il avait les yeux baissés, il faisait en sorte de ne pas la regarder, il ne voulait pas savoir si elle pleurait, il ne voulait pas voir la réaction que sa réponse allait provoquer chez elle :
"Tu n'as donc toujours pas rencontré quelqu'un? Un garçon de ton âge?? Je ne suis pas fait pour toi, c'est une évidence... Comme je te l'ai déjà dit, je ne suis pas quelqu'un qu'on aime. Le seul sentiment que j'inspire a toujours été la crainte, je me suis habitué à cette idée avec le temps, et je dois avouer que je ne suis pas prêt à changer cet état de fait, encore moins avec une jeune fille qui ne connais rien à la vie, et encore moins à la mienne, et qui de plus vient d'un autre monde que le mien. J'ai certes traversé quelques mondes, mais le tien est bien spécial. Tu ne dois pas faire de bêtises si tu veux garder ton statut. Et avec moi, tu en ferais bien plus qu'il ne faut, j'en suis sur."

Il avait vu comment elle était avec lui, et l'idée d'avoir une protectrice était bien loin de lui plaire. Si elle aimait, comme il le pensait, le côté faible en lui, alors elle ne le connaissait clairement pas, et elle ne pouvait en être que déçue.

Son style vestimentaire, toujours noir, marron ou gris, était parfait pour faire fuire les gens, il avait fait en sorte qu'on le prenne pour à la fois un fou, un dangereux, un fétichiste, une personne totalement en marge de la société, voire même un psychopathe... Ce look correspondait à ce qu'il voulait que les alentours voient et connaissent de lui. Personne ne doit jams chercher ce qui se cache derrière. Il pensait que cette fille devait avoir l'impression de l'avoir perçé, mais c'était bien loin d'être le cas. Ils étaient totalement opposés, et cette idée était pour lui la meilleure raison pour laquelle il ne pensait pas qu'elle puisse vraiment ressentir quelque chose pour elle.

Belldandy vit qu'il ne la regardait pas. Il lui demanda si elle n'avait toujours personne. Il lui dit également ne pas être fait pour elle, et avait l'air convaincu de ne pas pouvoir être aimé. Elle fut choquée par ces paroles, mais ne dit rien, attristée. Il semblait aussi croire qu'il faisait peur, mais ce n'était pas du tout le cas pour Belldandy. En revanche, elle s'offusqua lorsqu'il lui dit qu'elle ne connaissait rien à la vie. Elle ne savait peut-être rien de la sienne, mais elle avait quand même eu des expériences marquantes avant d'arriver à Kinako. Elle était certes différente de lui, mais elle était différente de tous les humains, et pas seulement de lui.

"Je ne ressemble à personne ici. Ni vous. Je sais que nous sommes différents...mais je sais où sont mes limites, à présent. Je ne ferai plus de bêtises."

Cependant, elle s'étonna du temps employé par son professeur. "Ferais" lui semblait bizarre, comme s'il envisageait la possibilité que...elle oublia ça pour le moment.

Peut-être pensait-il qu'elle n'aspirait qu'à le protéger, qu'elle le voyait faible, mais ce n'était pas le cas. Elle avait réfléchi et s'était rendue compte qu'il pouvait se débrouiller. Mais ce n'était pas une quelconque faiblesse qui attirait Belldandy, au contraire. Elle ne pouvait pas lui expliquer clairement les raisons pour lesquelles elle était tant attachée à lui (et elle doutait pouvoir le faire un jour), mais elle sentait confusément que ce qui faisait qu'elle l'aimait était tout, sauf de la pitié ou un autre sentiment de ce genre.

"Sensei, vous n'êtes pas faible. Je vous assure...vous vous trompez. Et vous savez, je n'ai pas la prétention d'avoir lu en vous. Je pense que vous ne l'avez pas non plus en ce qui me concerne..."

Elle se tut un long moment.

Il n'était pas sûr si elle disait que le jeune professeur ne ressemblait à personne dans l'enceinte de cette institution, ou bien si elle confirmait simplement qu'elle n'était pas comme lui. Il grimaça parce qu'il ne comprenait pas, mais cette expression fut discrète, il ne pensait pas qu'elle l'aie remarqué.
Lorsqu'elle complêta, il comprit qu'elle le mettait à part au même titre que lui.
Elle lui assura ensuite qu'elle était prête à être sage, qu'elle avait reçu les leçons de son erreur, et qu'elle en tenait maintenant compte. Il savait bien que ce qu'elle avait perdu constituait une véritable bonne raison de ne jamais recommencer, mais il ne savait pas comment les choses s'étaient passées ensuite, ni ce qu'il était advenu de sa jeune partenaire.

Les paroles qui suivirent étonnèrent le professeur, mais surtout, elles dénotaient que l'élève avait beaucoup réfléchi à la question et donc beaucoup pensé à lui. Il rougit, très, très légèrement, elle ne pouvait pas le remarquer.

Il laissa le silence s'installer un long moment dans la pièce. Il aimait le silence, il y était tellement habitué qu'il ne le remarqua pas vraiment.
Il finit tout de même par répondre :

"En effet..."

Il tressaillit lorsqu'elle s'approcha pour lui prendre la main. Il comprenait pas ce geste. Son geste était tellement lent que non seulement il perdait tout sens à ses yeux, mais en plus il ne pouvait pas la faire cesser. Il était légèrement perdu.
Il crut ensuite entendre un murmure très léger, mais il ne comprit pas ce qu'il disait, il pensa donc au vent, ou à une illusion.
Il ne ptu rien répondre, tout simplement parce qu'il n'y avait rien à quoi répondre.
Il leva un regard interrogateur vers le visage de la jeune fille dont il détailla l'expression.


[HJ : c'est court, désolé, je trouve rien d'autre...]

[C'est pas grave, le mien était un peu limite aussi je dois dire ^_^"]

Belldandy fut un peu surprise, mais surtout heureuse de voir que son professeur n'avait pas retiré sa main de la sienne. Elle raffermit donc sa prise et se rapprocha de lui. Elle le regarda dans les yeux : il détaillait chacun de ses gestes, chacun de ses mouvements, semblait vouloir déchiffrer son expression. Elle plongea ses yeux dans ceux, vairons et envoûtants, de celui qu'elle aimait.
Elle dit d'une voix normale cette fois :

"Sensei..."

Puis, elle tendit sa main vers le visage de l'homme et caressa doucement sa joue. Elle n'osa pas l'embrasser de peur de se voir repoussée.

La voix avec laquelle il l'entendit lui parler, l'appeler, était si sensuelle, et si désireuse, qu'elle provoqua un mouvement de recul. Il ne pouvait pas laisser son élève le séduire. Cela lui semblait impensable.
Il se recula d'elle et allant poser son dos sur le mur, laissant la longueur de ses jambes les séparer.
Il la regarda ainsi, posant sa main à l'endroit où elle l'avait caressé de la sienne. A le voir, on aurait aussi bien pu croire qu'il s'essuyait ou qu'il se réjouissait. C'était totalement impossible à déterminer.
Il offrait à la jeune fille un visage à la fois surpris et désillusionné.
Il ne lui sourit pas, ne lui répondit pas, il n'était pas prostré non plus, juste incapable de savoir ce qu'il devait faire, et encore ce qu'il pouvait bien ressentir.
Il avait si peu d'expériences dans ce domaine, qu'il ne pouvait pas non plus se fier à une connaissance des relations humaines et encore moins des femmes; il ne pouvait pas non plus se fier à son expérience, parce qu'il n'en avait aucune.

Mais l'élève était tellement plus jeune que lui, et le prenait visiblement pour quelqu'un qu'il n'était pas.
En tout cas, il était extrèmement bouleversé de ne pas être traité comme il en avait la seule habitude.

Belldandy vit soudain avec surprise que son professeur avait reculé. Adossé au mur, il posa sa main là où se trouvait la sienne un instant auparavant. Elle le regarda sans comprendre.

"Pourquoi ?"

Elle avança vers lui et ne le toucha pas, puisqu'il était visiblement choqué, ou tout au moins surpris du geste de la jeune fille.

"Vous hésitez ? Vous n'osez pas me rejeter ? Je ne comprends pas. La seule chose que je sais, c'est que vous être troublé. Vous savez, moi aussi je suis bouleversée. C'est...tellement de choses se déchaînent dans mon coeur...mais j'ai la certitude de vous aimer. Et c'est pour ça..."

Elle avança encore, et se retrouva très près de lui, une fois de plus.

"Laissez-moi une chance. S'il vous plaît. Laissez-moi au moins essayer...sensei..."

Elle s'approcha alors et l'embrassa rapidement, puis le regarda, les joues rouges et le regard brillant, souriante.

Il ne comprenait pas très bien ce qu'elle voulait savoir, mais il répondit tout de même :

"Parce que tu ne me connais pas et que je ne te connais pas non plus!"

Lorsqu'elle compléta ce qu'elle demandait, il comprit où elle voulait en venir. Il lui répondit :

"Tu ne sais pas qui je suis, alors je ne comprend pas comment tu peux m'aimer... Pour moi, cela n'a aucun sens. je ne suis pas la personne que tu imagine. Je ne veux pas te faire de mal. Tu dois comprendre que je ne suis pas l'homme qu'il te faut."

Il avait l'impression d'avoir dit une belle chose. Il était certainement à côté de la plaque, il se doutait qu'elle allait lui répondre quelque chose de ce genre.
Elle s'approchait dangereusement de lui. Elle ne semblait pas comprendre que ce n'était pas par hasard qu'il s'était éloigné. Il commençait à se sentir coincé, et il détestait cela.

Elle l'embrassa fugacement, il n'eut pas le temps de réagir. Elle le regarda en souriant; aussitôt, il eut envie que son sourire disparaisse de son visage.
Il n'aimait pas qu'on le prenne au dépourvu, il était maintenant énervé, il la regardait, de ses yeux sortaient des éclairs de feu qui étaient très petits, et très chauds. Il lui fallait les arrêter, alors il fit en sorte de se calmer, pourtant il lui clama méchamment :

"Ne refais jamais cela.... je déteste ça... ne prends pas de décisions pour moi... ces choses là se font à deux, si tu n'es pas capable de le comprendre, alors il est évident que tu ne ressens pas vraiment ce que tu crois..."

Il ne pensait pas forcément tout ce qu'il venait de dire, mais presque. Il ne savait pas grand chose sur les relations, mais il savait qu'il fallait qu'il soit d'accord, et ce n'était pas encore, ce ne le serait peut-être même jamais.

Il finit par se calmer, se lever, et lui tourner le dos, afin qu'elle ne puisse pas voir l'expression de son visage.

Le professeur lui dit ne pas vouloir lui faire de mal. Il n'était donc pas si méchant qu'il le disait.

Il se mit alors en colère lorsqu'elle l'embrassa. Il avait l'air très troublé et semblait vouloir masquer sa gêne derrière sa colère. Elle souriait toujours, ne voulant pas se montrer sous un jour qui ne lui correspondait pas. Elle sentit cependant des larmes lui monter aux yeux, mais résista à la tentation de les laisser couler.

"Je ne recommencerai pas...si vous ne le voulez pas. Et je suis sûre de mes sentiments. C'est d'ailleurs la seule chose dont je suis certaine. Mais je...s'il vous plaît, ne me laissez pas ainsi. Je doute, je ne sais pas comment je dois me comporter avec vous afin de ne pas vous mettre mal à l'aise. Vous..."

Elle fit un pas en arrière afin de le laisser respirer.

Il fut content qu'elle réponde positivement à sa demande.
Pourtant, elle confirma ce qu'elle lui avait dit, elle l'aimait. Il haussa les épaules, il était scié. C'était un genre de sentiments qu'il ne connaissait ni ne comprenait. Il commençait à douter de trouver un moyen de la faire changer d'avis, de la convaincre qu'il ne s'agissait qu'un léger coup de coeur irraisonné.

Il demanda en réponse à sa réclamation :

"Et comment voudrais-tu que je te laisse?"

Parce qu'il avait définitivement l'intention de la laisser à un moment ou à un autre.

Il ajouta :

"Et pourquoi voudrais-tu que je te garde?"

Il ne faisait pas exprès de jouer avec les mots, il faut croire qu'il était simplement naïf.
Il ne releva pas sa volonté de ne pas le mettre mal à l'aise et encore moins le fait qu'il avait parfois l'impression qu'elle en faisait exprès pour le pousser.
Mais son système de défense était infaillible, presque infranchissable, il se maitrisait correctement. Mais parfois, les réactions qu'il aurait lors d'un combat, il les appliquait sans y faire attention dans le vie quotidienne, et c'était bien là son grand handicap, celui qui restait encore dans sa cuirace.

Apparemment, il voulait laisser Belldandy. Elle sentit son coeur se serrer douloureusement à cette pensée. Elle n'imaginait pas sa vie à Kinako sans son professeur.

"Je...me garder ? Que voulez-vous dire par là ? Vous me perdez, sensei..."

En effet, un désespoir et une détresse immenses se lisaient dans le regard céruléen de la jeune fille. Elle ne savait pas vraiment comment réagir à ces réactions mitigées de la part de Monsieur Babylon.

Il avait l'impression de n'avoir fait que reprendre ses propres mots, et elle ne les comprenait pas. Il se retourna et la regarda, très étonné...

"Je ne vois pas en quoi le fait de te perdre devrait me poser un problème... du moment que tu n'es pas blessée ni morte, en tant que professeur, je ne vois pas pourquoi cela me chagrinerais."

Décidemment, ce bon professeur ne comprenait rien comme il aurait dû. Mais lorsqu'il l'observa plus avant, il lu sur son visage une décomposition qu'il ne lui connaissait pas, il s'inquiéta instantannément. Il la prit par les épaules, la bouscula légèrement et la posa, la forçant à s'assoir sur le lit :

"Ca va? Remet toi, prends ton temps..."

Il se demandait si elle était malade ou simplement triste. Il ressentait vaguement quelque chose dans sa poitrine, mais il ne savait pas du tout ce que c'était, alors il ne chercha pas à en savoir plus... cherchant juste à la réconforter du mieux qu'il pouvait, étant donné son tempérament et les circonstances.

Elle écouta ses paroles sans rien dire, puis se laissa faire lorsqu'il la força à s'asseoir sur le lit. Il avait l'air inquiet. Belldandy se sentait mal, très mal, plus mal encore que lorsqu'elle était malade. Enfin...lorsque le mal était simplement physique. Cette fois, son mal-être était si intense qu'il se répercutait sur sa santé. Très pâle, elle leva les yeux vers son professeur.

"Je...merci..."

Elle ne put rien articuler de plus, complètement sonnée. Son coeur cognait si fort dans sa poitrine qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser dans l'instant. Elle sentait vaguement un autre battement quelque peu affolé, mais ne fit pas le lien avec Monsieur Babylon : elle ne se doutait pas que lui aussi ressentait, même vaguement, quelque chose dans sa poitrine. Et qu'il ignorait la nature de ces battements inhabituellements...insolites.

Elle ne sembla trouver aucun mot pour exprimer son état d'esprit et ne dit donc rien de plus que le remercier pour son attention.
Il lui sourit pour seule réponse. Pour lui, cela était tout naturel. Il ne tenait cependant pas à le lui faire savoir : la mettre encore plus mal n'était nullement son objectif.
Il s'assit à côté d'elle et la surveilla du coin de l'oeil, espérant qu'elle ne devienne pas pire qu'elle n'était. Il ne savait plus comment agir. Alors c'était embarrassé et hésitant qu'il était à ses côtés. Il n'exprimait plus rien sur son visage, ne laissa strictement ressortir de son état d'esprit pour ne pas la mettre mal à l'aise, ni quoique ce soit de ce genre. Finalement, il pensa que peut-être cela leur ferait du bien de se désaltérer ou de se restaurer, et il proposa :

"Tu veux quelque chose à boire ou à manger?"

Il pointa le frigo du doigt et ajouta :

"J'ai quelques denrées dans le frigo... même si je mange généralement au réfectoire."

Il lui sourit, comme pour la rassurer, et la regarda d'un air interrogateur prêt à se lever.

Elle sursauta quand l'homme s'assit à côté d'elle. Il ne semblait plus réticent à se trouver près d'elle, et pour l'instant cela suffisait à la rendre heureuse. La chose qu'elle craignait plus que tout était que son professeur la rejette en bloc et refuse de la voir.
Il la regardait, mais aucune expression ne trahissait ce qu'il ressentait.
Il lui proposa finalement de boire ou de manger quelque chose. Elle mit un instant à enregistrer sa demande et finit par acquiescer timidement.

"Ano...je veux bien, si cela ne vous dérange pas."

Il fut étonné qu'elle agisse de manière aussi hésitante. Il se leva lorsqu'elle accepta sa proposition. Il se dirigea rapidement vers le frigidaire, et l'ouvrit. Il s'accroupit pour mieux en regarder le contenu et se prit une bière. Il se retourna vers Belldandy et lui demanda :

"Tu préfère du coca, du jus d'orange, ou du thé?"

Il n'avait rien d'autre, et lui proposa donc ce qu'il avait à disposition. Puis il pensa qu'il pouvait aussi faire autre chose :

"Si tu veux une boisson chaude, je peux te faire du café."

Il la regardait, interrogateur.

Elle l'observa pendant qu'il s'accroupissait devant le frigo afin de choisir sa boisson. Il lui proposa ensuite ducoca, du jus d'orange ou encore du thé. Il ajouta même qu'il était prêt à faire du café. Aussitôt, elle devint rouge et balbutia :

"Ah, euh...ne vous embêtez pas pour moi...un thé, ça ira très bien. A...arigatô, sensei."

Le jeune fille rougit. Il ne comprit pas pourquoi. Il ne faisait que lui proposer l'hospitalité, comme toute personne se devait de le faire lorsqu'il recevait. Du moins, était-ce ainsi qu'il le concevait.
Il lui sourit, sortit une bouteille en verre du frigo, et sortit une tasse d'un placard au dessus de sa tête. Il versa du liquide froid dans le contenant. Il sortit un ouvre-boîte et décapsula sa bouteille. Puis, il se retourna de nouveau vers la jeune fille :

"Je t'en prie, c'est tout naturel."
Dit-il en réponse à son remerciement, puis ajoutant après une lègère pause durant laquelle il était occupé avec ces préparatifs:
"Tu préfère chaud ou froid?"

Il la regarda de nouveau, en s'approchant d'elle, une bière bien fraiche ouverte dans une main, et la tasse dans l'autre. Il se posta en face d'elle attendant sa réponse, prêt à agir en conséquence.